Pour mémoire nous vous annoncions en novembre 2019 la présence de petits insectes, les scolytes, sur les troncs des épicéas de la forêt de Terville.
Dans la région Grand Est, l’ONF estimait à 750.000 m3 le volume de bois à couper dans les forêts publiques, un chiffre énorme depuis les premières alertes en 2014. L’épidémie de scolytes progresse et s’étend désormais sur la quasi-totalité des forêts d’épicéas du nord et de l’est de la France*. S’il a toujours vécu dans la forêt, cet insecte nuisible prolifère avec les nombreuses vagues de chaleur et de sécheresse depuis une dizaine d’années.
Les scolytes sont des coléoptères de 2 mm, inféodés à l’épicéa, qui creusent des galeries sous l’écorce des résineux et empêchent la sève de circuler. Résultat : les arbres touchés meurent en masse. Dans des conditions de sécheresse, les épicéas ne résistent pas aux scolytes car leurs racines, en surface, n’ont pas suffisamment accès à l’eau en profondeur.
La seule réponse à la propagation de ce fléau est l’abattage des arbres contaminés et leur évacuation pour éloigner ces insectes de la forêt.
La forêt de Terville contient, elle, essentiellement des chênes mais comptait aussi des épicéas. En effet, après la guerre, pour repeupler rapidement les forêts, l’Etat français subventionnait les plantations de résineux, des arbres rentables dont la particularité est de pousser vite et droit. Il fallait construire rapidement et chauffer les maisons.
Dans le bois tervillois, ce sont 320 m3 d’épicéas qui étaient gravement touchés par les scolytes et qui ont donc été abattus, soit la totalité des résineux de notre forêt regroupés sur un secteur (cf plan vue du ciel). Ces arbres malades étaient dangereux pour les autres essences de la forêt.
La municipalité a vendu tous ses stocks de sapins à des scieries qui sont venues ce jour les récupérer dans la forêt de Terville.
Les arbres morts évacués, la municipalité peut désormais laisser la nature se régénérer. En effet, les épines des épicéas rendant le sol acide, il faut attendre la disparition progressive de cette acidité pour parvenir à un sol plus humifère. Au bout d’un an ou deux, un diagnostic sera réalisé à cet endroit pour constater les essences qui auront repris dans cet intervalle. En fonction du résultat, il sera décidé de la marche à suivre, qui devra nécessairement tenir compte du réchauffement climatique prévisible dans les futures décennies.
*Toute l’Europe de l’Est est déjà touchée par les scolytes, ainsi que l’Italie, la Suisse, la République Tchèque… En France, après le Grand Est et le Nord de la France, il y a des craintes sur l’Auvergne et Rhône-Alpes. Dans le Grand Est, la Lorraine est infestée par cet insecte, ainsi que la Bourgogne et la Franche-Comté.